medicinal cannabis chile daya fondation

« La réalité du cannabis au Chili est indéniable indépendamment de ce que disent les lois »

  • La fondation chilienne Daya travaille sans cesse à la défense de l'utilisation thérapeutique du cannabis pour les patients souffrant de certaines pathologies. Elle est ainsi non seulement devenue responsable de la première culture légale de cannabis médical en Amérique latine, mais est aussi génitrice du fameux collectif ‘Mamá Cultiva’. Ici à Dinafem, nous avons parlé avec sa présidente pour mieux comprendre la situation au Chili et les activités de cette fondation. 
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La Fondation Daya travaille au Chili pour « soulager la souffrance humaine » en se servant de médecine naturelle et de thérapies complémentaires, comme celles se fondant sur le cannabis médical. De fait, son initiative s'est servie du cannabis comme un élément de base pour aider différents patients à améliorer leur qualité de vie.

Ana María Gazmuri, en plus d'être connue en tant qu'actrice au Chili, est également la présidente de cette fondation. Nous avons voulu parler avec elle pour en savoir plus sur la réalité qu'elle défend et vers où se dirige le monde du cannabis médical dans ce pays andin.

Aujourd'hui plus de 1.200 patients ont déjà demandé l'aide de la fondation, bien qu'elle existe légalement depuis bien peu de temps − le début de 2014 − et qu'elle travaille seulement depuis l'an passé. Son contact avec les patients est direct, et ceux-ci peuvent profiter d'une consultation ouverte d’une heure par semaine au cours de laquelle ils recevront des conseils, des informations, et il sera étudié au cours de celle-ci si la pathologie dont ils souffrent serait susceptible d'être traitable avec une variété de cannabis médical.

Selon Gazmuri, environ 50 personnes passent en consultation chaque semaine. Lorsque la fondation estime que le cannabis peut être bénéfique pour une personne étant donné son état de santé, elle lui donne toutes les informations nécessaires pour la culture de la plante, « nous les accompagnons dans l'installation de leur culture (cultures ‘indoor’) et nous surveillions tout le processus, explique la présidente. Il est en fin de compte interdit au Chili de commercialiser et distribuer des dérivés du cannabis pour la consommation, mais l'autoproduction de cannabis à des fins médicales est permis.

‘Mamá Cultiva’, les enfants et le cannabis

Une fois que la culture est complétée, la fondation organise des ateliers pour enseigner aux patients comment préparer ses propres extraits de cannabis. Finalement, même si cette organisation veut « créer une communauté », elle a comme objectif principal l'autonomisation des patients et des familles, pour qu'ils puissent obtenir par eux-mêmes les remèdes dont ils ont besoin sans avoir à dépendre de personne. C'est précisément de ce désir d'autonomie qu'est apparu « par nécessité » le groupement ‘Mamá Cultiva’, un groupe de mères qui se battent pour que leurs enfants, qui souffrent d'épilepsie réfractaire, puissent être traités avec du cannabis.

Actuellement, plus de 100 enfants liés à la fondation sont en cours de traitement par huile de cannabis. Selon Gazmurri, les résultats sont probants : des enfants souffrant de 30 crises par jour en ont aujourd'hui éventuellement une tous les deux jours. « Les crises ne disparaissent pas, mais sont bien plus légères ». De nombreux parents on vu leurs enfant sourire pour la première fois depuis longtemps. 

« Ce sont des mères courageuses qui sont sorties raconter au monde leur expérience », dit la présidente. Elle explique qu'après être apparues publiquement, un travail conséquent de sensibilisation à été nécessaire auprès des autorités compétentes pour leur expliquer ce qu'est l'épilepsie réfractaire et qu'il s'agit d'une maladie « résistante aux médicaments ». Elles en sont même venues à comparaître le 30 Septembre dernier devant le Congrès national, donnant leur opinion à la Commission de la santé de la Chambre des députés sur les projets de loi de dépénalisation de l'autoproduction. Gazmuri dit qu'en fait, lorsque ‘Mamá Cultiva’ est passée sur la scène nationale, elle avait déjà un cercle de protection très important qui l'entourait. Sans cela, les conséquences pour ces mères auraient pu être très importantes.

Ces familles ont beaucoup d’espoir porté sur les médicaments à base de cannabis. Ceci se voit depuis la première activité liée à l'épilepsie et au cannabis qu'a organisé la fondation et à laquelle 11 familles ont participé. La deuxième a réuni plus d'une centaine venant du pays entier.

Une exception en Amérique latine

Cette fondation travaille également de manière active non seulement avec des patients mais aussi avec les pouvoirs gouvernementaux et des acteurs politiques dans le but d'établir une optique nouvelle et renouvelée pour la politique en matière de drogues dans le pays. La fondation Daya est la principale responsable du soutien des autorités de La Florida (Santiago de Chile) à la première culture autorisée et légale de cannabis sativa à fins thérapeutiques dans toute l'Amérique latine. Il s'agit d'une programme pilote fait pour assister 200 patients atteints de cancer consistant de 425 plantes cultivées.

Gazmuri explique qu'ils travaillent déjà sur un projet similaire, plus grand encore, visant à inclure des patients souffrant d'épilepsie réfractaire. Les enfants affectés sont si nombreux que la fondation veut inclure dans ce projet trois établissements de santé publique dédiés à cette pathologie et au cancer. Il existe en fait un vide juridique qui n'établit pas si les soins médicaux au cannabis sont interdits ou non pour les mineurs, « c'est de ce vide dont nous profitons ». 

Le but est que ce nouveau projet fournisse une culture adéquate pour ces établissements, et cela pourrait fonctionner étant donné que le Chili a « un climat approprié et une population bénéficiant d'un grand savoir en ce qui concerne l'usage médical du cannabis ». Ils sont également en contact avec d'autres autorités municipales qui ont manifesté de l'intérêt pour ce qui se passe à La Florida. 

Pour ceux ne pouvant bénéficier de ce programme, la fondation poursuit ses ateliers de culture. Pour l'instant, les variétés qui sont cultivées sont nombreuses, mais à Dinafem nous leur avons déjà envoyé quelques-unes de nos variétés et dans quelques mois nous serons en mesure de faire un compte-rendu de leur expérience. 

Une activité comme celle de la fondation Daya attire de nombreux intéressés et défenseurs de l'usage de médicaments à base de cannabis. Mais elle rencontre également une opposition, parmi elle les personnes liées au secteur médical. Néanmoins Gazmuri dit qu'il est normal qu'au moment où les choses changent il apparaisse des mouvements conservateurs s'y opposant, « mais heureusement la population comprend clairement la situation » et voit qu'avec des milliers de patients dans le monde entier le cannabis est une alternative médicale réelle. 

« Évidemment, l'industrie pharmaceutique est troublée, se voit menacée, mais la résistance est normale et fait partie du processus », estime-t-elle. Elle affirme que les médecins qui prescrivent du cannabis thérapeutique sont nombreux et qu'ils soutiennent son usage. « Ceci est une réalité indéniable au Chili indépendamment de ce que disent les médecins et les lois », juge-t-elle. 

15/01/2015

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