journal distributeur cannabis

Journal intime d’un distributeur automatique de cannabis

  • Bonjour, je suis un distributeur automatique de cannabis et de haschich. Actuellement j’habite dans une association de fumeurs de cannabis, à l’Ouest de Madrid. Ils sont très sympas et pour une raison que j’ignore, ils m’aiment bien. Ils sont environ 300 membres et forment une association à but non lucratif dont l’objectif est la consommation de cannabis et de haschich à des fins récréatives et thérapeutiques. Et c’est justement ce que j’ai dans ma vitrine. C’est peut-être pour cela que je reçois de temps à autres des petites tapes sympas d’amitié.
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L’association où j’habite est très bien organisée. Elle est enregistrée dans la Communauté de Madrid et bénéficie du conseil d’un avocat spécialisé, ce qui me rassure beaucoup. Imagine un peu si l’un de ces intransigeants en uniforme arrivait un jour pour me kidnapper et me poser des scellés dans une cave sombre. Quelle horreur, franchement. Ici c’est ma maison et voici comment elle fonctionne:

Tout le monde peut devenir membre dès le moment où on est parrainé par un autre membre. Pour cela, il faut remplir un formulaire de demande d’inscription où la personne doit déclarer sa volonté de devenir membre de l’association, avoir un casier judiciaire vierge en ce qui concerne les délits contre la santé publique, être consommateur/trice habituel de cannabis à des fins récréatives ou thérapeutiques, etc. Le futur membre doit également présenter sa carte d’identité, dont on fera une photocopie, pour démontrer qu’il n’est pas mineur, les documents médicaux en cas de consommation thérapeutique et payer une cotisation d’inscription (5 euros). Sur l’inscription il/elle devra également préciser sa consommation qui ne pourra pas excéder les 100 grammes pour éviter le trafic et les problèmes de santé. 

La prévision de la consommation est très importante car elle permet au membre de se porter garant de l’association lorsqu’elle achète à son nom cette quantité de cannabis. Etant donné que l’association ne dispose pas de sa propre culture, le membre achète une partie d’herbe au marché noir sous la forme d’un achat en copropriété, qui est calculé à partir du total des prévisions de consommation des membres de l’association. Pourquoi l’association n’a-t-elle pas sa propre culture d’herbe? Tout simplement parce qu’elle vient tout juste de démarrer il y a trois mois. Ils m’ont dit que l’un de leurs futurs objectifs consiste à avoir leur propre culture. Cependant, la Loi de la Sécurité du Citoyen rend la chose difficile car elle fait augmenter énormément les sanctions économiques. 

Les fiches de chaque variété de cannabis sont affichées sur ma devanture. L’herbe est achetée à 3,5 euros/gramme plus 2,3 euros/gramme à titre de frais d’entretien, de loyer, d’électricité, de développement… dont ma maison a besoin. Le prix final des variétés d’intérieur se situe aux environs de 5,8 euros/gramme contre 4,5 euros/gramme pour les variétés d’extérieur. Chaque variété a une référence. Le membre doit tout d’abord introduire la somme d’argent dans la fente prévue à cet effet, sortir le cannabis et noter sur un registre ses données personnelles ainsi que la référence du produit qu’il a acheté. Tout ceci est très utile pour faire la comptabilité, l’inventaire et contrôler la consommation. Tout l’argent gagné est déposé sur un compte bancaire au nom de l’association qui est utilisé pour financer les achats en copropriété, l’électricité, les frais d’avocat, Internet... Toute rentrée ou sortie d’argent est soigneusement consignée sur un document comptable. 

Les activités plus répandues dans le local consistent à fumer, jouer au billard, jouer à la Play, etc. Cependant, de temps à autres on assiste à des spectacles de musique en live ou de magie. L’activité star parmi les membres est l’atelier mensuel de fabrication de haschich. Il donne aux membres l’opportunité de suivre une démonstration guidée d’extraction de haschich avec gaz et machine à laver et on peut y prendre des notes. 

Bref, beaucoup de choses ont changé. Maintenant, mes acheteurs sourient plus souvent et me donnent de gentilles tapes d’amitié. J’ai déménagé de San Fernando à Madrid, j’ai changé la station de trains pour l’association et les chips pour le Critical+. On peut dire que ma vie a pris un tournant complètement différent et plus chromatique –du gris au vert– mais en ce qui me concerne, je fais toujours la même chose.

16/01/2014

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