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Les consommateurs ont-ils accès au cannabis pendant le confinement contre le coronavirus ?

  • Comment le confinement affecte-t-il les consommateurs et les dirigeants d’entreprises de cannabis en Espagne ?
  • Les clubs sociaux de cannabis ont-ils réouvert ? Les patients ont-ils toujours accès au cannabis médical ? Les usagers étaient-ils suffisamment approvisionnés avant que le gouvernement ne décrète le confinement ?
  • Nous avons discuté avec les gérants de clubs sociaux et avec des consommateurs de cannabis médical ou récréatif pour comprendre la façon dont les mesures contre le COVID-19 les affectaient.
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En Espagne, le gouvernement décrétait le samedi 14 mars dernier l'état d'alarme sur tout le territoire national, réduisant fortement la mobilité de la population, dans une tentative désespérée de freiner la propagation de Covid-19. Le lundi 16 mars suivant, la population n'était autorisée à quitter son domicile qu'à condition d'avoir une raison valable, c'est-à-dire se rendre dans un établissement considéré comme essentiel, comme par exemple les supermarchés, les pharmacies et les bureaux de tabac.

Les clubs sociaux de cannabis font également partie des établissements fermés du jour au lendemain sans avoir eu le temps d'informer leurs adeptes de la fermeture. Nous avons pu discuter avec des gérants de club sociaux pour comprendre comment le confinement affectait leurs ventes et avec des consommateurs de cannabis.

Comment obtenir du cannabis en Espagne pendant le confinement ?

Compte tenu de l'absence de réglementation sur le cannabis en Espagne, il peut provenir de trois sources différentes : l'auto-production, les clubs sociaux du cannabis ou le marché noir.

L'auto-production, la culture de cannabis pendant le confinement

White Widow Auto Balcony


L'auto-production semble être le moyen le plus sûr et fiable de se procurer du cannabis pendant le confinement puisque vous éviterez de dépendre des autres pour en obtenir. Évidemment, cette option est idéale, à condition d'avoir la culture de cannabis à l'intérieur même de votre domicile.

Comme vous pouvez le voir avec la White Widow XXL Autoflowering en balcon sur cette photo, avoir une petite plantation chez vous, dans un placard, un balcon, une terrasse ou encore un jardin, sera le moyen le plus sûr d'obtenir de l'herbe pendant cette période compliquée. Si nous devons rester enfermés chez nous, mais que nos plantes sont là pour nous tenir compagnie, le problème est moins important.

Le problème de l'auto-production en période de confinement aura lieu lorsque vous n'avez rien à faire pousser ou à récolter dans votre appartement ou votre maison. Ceux qui auront l'habitude de cultiver en extérieur dans la forêt ou ceux qui louent des locaux loin de chez eux pour cultiver en indoor auront également des soucis importants. Actuellement, les mouvements des auto-producteurs sont très limités et les contrôles de police sont nombreux dans le but de réduire la mobilité des citoyens.

Les clubs sociaux, fermés à cause du coronavirus

La plupart des associations de cannabis sont fermées depuis le samedi 14 mars, considérées par le gouvernement comme non essentielles. Au Pays basque, en Catalogne ou à Madrid, aucune différence en fonction des régions, c'est pourquoi les clubs et leurs membres n'ont plus aucun accès au cannabis et à la vente habituelle.

« Pour la plupart, nos abonnés n'ont pas pu s'approvisionner avant le confinement, puisque tout est allé très vite. Nous avons un groupe WhatsApp de l'association, et beaucoup nous demandent de réouvrir. Mais si nous le faisons, nous risquons de très lourdes sanctions », explique l'un des responsables de l'Association cannabique Euskal Herria Green, à Vitoria dans le Pays Basque. Les responsables du club habitent à plus de 10 kilomètres, ce qui les empêchera de s'y rendre sans être interceptés par la police.

À cause de cela, ils sont évidemment conscients que ces personnes n'ont d'autre choix que d'acheter dans la rue, où le cannabis est loin des critères de qualité qu'ils partagent. « Dans notre association, nous sommes pour la plupart des personnes de plus de 35 ans ne voulant pas acheter du cannabis dans la rue, parce que nous accordons une grande importance à la culture biologique et à la consommation d'un produit de qualité », affirme-t-il.

La Catalogne est une des régions où les clubs sont les plus nombreux. À l'association CatFAC, Eric nous explique que « l'activité a été fortement paralysée. […] Le 12 mars, on nous a annoncé que les associations affiliées devaient stopper toute activité. Nous leur avons alors demandé une marge de 24 h à compter de la déclaration afin que les usagers puissent s'approvisionner pour 15 jours, mais le lundi 16 mars, nous avons tous fermé nos portes. La semaine suivante, nous avons toutefois fait quelques visites à domicile, mais après l'annonce de l'arrêt total d'activité, les ventes ont étés stoppés net et nous avons été dans l'obligation de cesser temporairement toute activité. Heureusement, nous pourrons sans aucun doute profiter des aides prévues sachant que nous avons une licence d'activité non essentielle », explique-t-il.

Nous avons appris la leçon et nous savons maintenant comment réagir si une situation similaire venait à se reproduire.

C'est également le cas de La Kalada, également fermée depuis le 14 mars dernier. Rudeteo, gérant du club, insiste sur le fait qu'il est surtout inquiet pour l'avenir : « Nous verrons si cette restriction durera plus longtemps qu'on ne le pense, mais j'ai bien l'impression qu'on sera les derniers à réouvrir, sachant qu'on est considérés au même titre que les bars et les restaurants... alors on verra. »

Cette situation exceptionnelle est néanmoins considérée par la CatFAC comme une occasion d'apprendre de ses erreurs. « Désormais, nous savons que dans des situations comme celle-ci, nous devons trouver une alternative. Les bureaux de tabac ont un statut juridique différent parce que l'industrie du tabac a longuement travaillé pour cela. Nous, nous travaillerons pour que la vente de cannabis soit considérée comme essentielle pour les patients et pour qu'ils puissent bénéficier de soins continus. C'est un groupe à risque comme d'autres, et s'ils pouvaient en faire officiellement partie, ils pourraient être pris en charge légalement. »

« Si une autre situation d'exception venait à se produire, nous devrons nous y préparer à l'avance et non pas réagir comme cette fois-ci. Le travail aurait dû être fait avant. Mais nous avons appris la leçon et nous savons maintenant comment réagir si une situation similaire venait à se reproduire. Maintenant, nous devons travailler pour être reconnus, et ne pas attendre que la situation se reproduise », conclut-il.

Le marché noir, une option à risque en période de confinement

L'achat de cannabis auprès d'un revendeur est très courant pendant le confinement, mais c'est aussi l'un des plus risqués vu le nombre de policiers dans les rues et les contrôles de possibles réunions sur la voie publique. Devoir rencontrer une personne pour acheter du cannabis ne facilite pas la tâche.

Pendant le confinement, c'est malheureusement un recours habituel, mais vous devez être discret pour rentrer chez vous avec de l'herbe ou du hash dans votre poche. De plus, il faut déjà avoir des contacts puisque les personnes qui parcouraient les rues en recherche de clients se sont également absentées.

« La situation est assez compliquée, Dans mon entourage, certains cultivent et pourraient m'en vendre, mais comme nous ne pouvons plus nous déplacer, c'est compliqué. Je pourrais bouger, mais c'est très risqué. D'une part, pour la propagation du virus, et d'autre part, pour les grosses amendes que vous risquez », nous explique une consommatrice de Madrid.

Une autre consommatrice de Saint-Sébastien, dans le Pays Basque, habituée des clubs de la ville le confirme. Lorsque l'association a fermé ses portes, elle n'a pas eu le temps d'acheter suffisamment. « Pendant le confinement, j'ai dû en revenir à l'ancienne méthode. Evidemment, c'était plus compliqué qu'avant. Premièrement, parce que j'avais perdu le contact avec mon revendeur à cause du confort d'aller dans un club aux horaires fixes quand ça m'arrangeait. Sauf que lorsque j'ai trouvé quelqu'un qui pouvait me vendre du haschisch, je ne pouvais plus y aller à cause de l'interdiction. Heureusement, un ami a une autorisation de déplacement et travaille avec le revendeur. Il a ensuite fait un détour pour venir me le déposer et me passer l'aluminium au milieu des poubelles, entre deux passages de voitures de police », explique-t-elle. Montant de l'opération : 12,5 g de haschisch pour 60 euros, réglés au préalable pas virement pour éviter toute transaction trop évidente dans la rue.

Quelle est la situation des consommateurs de cannabis médical en Espagne pendant le confinement ?

« En temps normal, on arrive à s'approvisionner grâce à notre culture collective pour les patients. Avec le confinement, la répartition est presque impossible. J'ai du cannabis chez moi, je consomme régulièrement, mais je reçois quand même de nombreux appels d'amis qui en ont besoin au quotidien et en trouver devient un vrai cauchemar. Non seulement vous n'aurez rien pour atténuer les crises d'épilepsie, mais vous n'en aurez pas non plus stopper ces attaques, c'est pourquoi la dernier recours des patients sera d'aller à l'hôpital, le dernier endroit qu'un malade souhaite visiter ces jours-ci. »

Lourdes, du Círculo Cannábico Podemos (Cercle Cannabique de Podemos, groupe politique de gauche), a répondu avec consternation à notre appel. Des dizaines de consommateurs de cannabis médicinal la contactent à cause d'une pénurie depuis le début du confinement. À Puerto de Santa María, une ville du sud de l'Andalousie, il n'y a aucune association de cannabis, c'est pourquoi l'approvisionnement des patients se fait par l'auto-production, que plusieurs usagers réalisent dans un espace d'extérieur éloigné de leur domicile, où ils ne souhaitent pas se rendre afin d'éviter les amendes.

Lourdes se voit comme une simple consommatrice et refuse la distinction entre médicinal et récréatif, même si le cannabis l'aide à réduire les douleurs liées à l'endométriose. « J'ai commencé à en consommer pendant ma jeunesse, mais à cause de règles vraiment douloureuses, j'ai continué car le cannabis m'aidait à soulager la douleur. À ce moment-là, j'ai commencé à me rendre compte que le cannabis pouvait avoir d'autres utilités », se remémore-t-elle.

Elle travaille actuellement avec Unidas Podemos dans le but de faire avancer la légalisation du cannabis en Espagne, car selon elle, « la qualité de vie de certaines personnes dépend de la consommation de cannabis », et parce qu'au cours de ce confinement, le problème éthique n'a pas été pris en compte. Le Círculo Cannábico travaillerait actuellement sur une proposition visant à permettre aux patients d'avoir accès au cannabis via des associations pendant le confinement. Avec la FEDCAD, ils ont publié la déclaration suivante, quelques jours plus tard.

Carlos, le président d'une association de cannabis pour les patients de Saragosse est également inquiet quant à l'approvisionnement et souligne aux patients la nécessité d'avoir toujours des réserves. « Je conseille toujours à nos patients de cultiver, de fabriquer leurs propres huiles, de ne pas nous laisser leurs produits car nous pourrions ne pas être toujours accessibles. De plus, seules les pharmacies pourraient prochainement avoir le droit de vendre, à prix d'or », affirme-t-il.

Dans cette association de plus de 100 abonnés, plusieurs bénévoles (dont des médecins et des infirmiers) orientent régulièrement les patients dans leurs traitements à base de cannabinoïdes. Mais actuellement, elle est fermée et ne prévoit pas de réouvrir avant la levée de l'urgence sanitaire. « Personne n'habite dans notre rue et il n'y a presque pas de circulation. On se ferait tout de suite arrêter si on ouvrait », explique le gérant. En prévision de cette fermeture, le mercredi précédant le début du confinement, ils avaient cependant contacté les usagers afin de venir récupérer leurs huiles et leurs produits. À noter que 70 % des produits sont des teintures et non de l'herbe.

Les dispensaires de cannabis de Californie restent ouverts

Dans l'État de Californie, l'ordonnance du 19 mars décrétait la fermeture de la majeure partie des boutiques et le confinement de la population, à l'exception des services de santé et des infrastructures essentielles chargées de veiller à la santé habitants de Californie. Par ailleurs, le Gouverneur Gavin Newson, fervent défenseur de la Proposition 64 (projet de loi visant à légaliser la vente de cannabis à des fins récréatives en Californie) a déclaré que les dispensaires de cannabis sont autorisés à rester ouverts et qu'ils ne fermeront pas afin d'approvisionner les personnes souffrant de problèmes de santé chroniques ou celles souhaitant se détendre dans une période de grand stress.

Les dispensaires de cannabis disposent des mêmes avantages que les pharmacies, puisque dans le cas contraire, cela encouragerait l'achat illégal de cannabis, dont les produits peuvent parfois contenir des pesticides et d'autres composés dangereux pour la santé. De plus, faciliter l'accès au cannabis peut éviter les scènes de panique, l'épuisement des stocks et les boutiques bondées comme aux Pays-Bas ou dans d'autres pays. D'autre part, il est contraire à l'éthique d'interrompre les soins médicaux de personnes malades à un moment où les systèmes de santé sont déjà sérieusement surchargés.

17/04/2020

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